Un article de l'AFP sur la collecte pneumatique des déchets
10/02/2012
VITRY-SUR-SEINE (Val-de-Marne), 4 fév 2012 (AFP) - Système innovant et hygiénique pour les uns, expérimental et coûteux pour les autres: la collecte pneumatique des déchets ne fait pas l'unanimité à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), où des travaux commencent lundi dans le sud de la ville.
"On se lance dans une opération à 31 millions d'euros qui reste une expérimentation", regrette Bertrand Potier, adjoint (PG) au maire.
En France, seul Romainville (Seine-Saint-Denis) vient de mettre en place ce procédé, qui consiste à acheminer les déchets ménagers par aspiration, via un réseau de tuyaux enterrés, vers un terminal de collecte où ils sont compactés, puis évacués par camions.
"Ce n'est pas expérimental, puisque ça a vécu dans le monde entier", rétorque Cécile Veyrunes-Legrain, adjointe (communiste) au maire chargée de la propreté, citant les exemples de Barcelone et Copenhague.
"Plus de bacs roulants qui débordent, plus de locaux sales, inaccessibles, mal éclairés, plus de camions-poubelles bruyants", se réjouit Anne Allain, responsable du secteur déchets.
Mais pendant que la municipalité communiste vante l'amélioration de la qualité de vie, des voix s'élèvent pour dénoncer la compétition acharnée que se livrent Suez et Veolia pour remporter des marchés dans ce nouveau domaine à la mode.
"On me dit que je suis archaïque", rapporte M. Potier, qui regrette l'absence de solutions alternatives. "Mais il ne faut pas se laisser impressionner par des grands groupes financiers sous prétexte de modernité."
Principal point d'achoppement des discussions: le financement. "Pour Romainville, il y avait un taux de subvention prodigieux (8 millions d'euros sur un budget total de 10,8 millions, ndlr), alors que nous n'avons obtenu que 4 millions", explique M. Potier.
Folie des grandeurs de Vitry? 10 km de tuyaux au lieu de 4,1 à Romainville, 390 bornes contre 123, 10.000 logements connectés au lieu de 2.600... Un peu en retard sur Veolia, à l'oeuvre à Romainville, Suez frappe fort pour son premier projet.
Quel impact écologique?
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Et faute de subventions, la ville va devoir assumer l'essentiel du coût des travaux, par un emprunt et en augmentant la taxe d'enlèvement des ordures ménagères (Teom) de 5% par an jusqu'en 2017.
"Nous avons un atout très fort, c'est que nos finances sont saines", assure Mme Veyrunes-Legrain, qui souligne que la Teom de Vitry est la plus basse du département.
Elisabeth Ayrault, directrice générale déléguée de Sita France (filiale de Suez Environnement) préfère parler d'"investissement": "Quand on raisonne en termes de coût, on raisonne dans l'immédiat, pas sur 30 ans, qui est la durée de vie garantie de ce procédé", explique-t-elle.
Autre critique majeure: l'impact écologique du procédé n'a pas encore fait ses preuves.
"C'est de l'argent un peu gâché: ce type de collecte risque plutôt de diminuer la qualité du tri", juge Jacques Perreux, conseiller général et régional (EELV), vice-président de la commission environnement à la région. "Or j'ai tendance à penser que l'enjeu actuel, c'est plutôt la prévention de production des déchets et le recyclage", deux objectifs du Grenelle de l'Environnement, ajoute-t-il.
Raison pour laquelle le conseil régional d'Ile-de-France n'a pas accordé de subvention au projet, préférant d'abord tirer les leçons de l'expérience de Romainville.
A l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), on ne se prononce pas encore. "Nous n'avons pas de présupposés négatifs sur cette technologie, mais on veut l'évaluer", explique Hervé Pernin, coordinateur du pôle déchets à la direction régionale de l'Ademe.
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