Zones et zonages ne font pas forcément une bonne politique
05/08/2012
Au secours, les Zoneurs et les Zones prioritaires sont de retour….
Le ministre de l’intérieur vient d’annoncer qu’il concentre les efforts de la police sur des quartiers… des zones de sécurité prioritaire (Z.S.P.).
Nous n’avons pas besoin de coups médiatiques :
CLEMENCEAU aurait dit que « la guerre ! C’est une chose trop grave pour la confier à des militaires » Quelle belle affirmation de la primauté politique dans les décisions. Qu’il me soit permis, très modestement… de dire dans un autre registre que la sécurité est une chose trop grave pour que les politiques en fassent une exploitation médiatique sensationnelle ou spectaculaire.
Ce discours je le tiens depuis des années pour de nombreux domaines qui vont de l’éducation à la lutte contre les inégalités territoriales.
Il n’a pas fallu attendre la SARKOZYTE , aigüe ou non, pour affirmer cela. Dans le passé les ministres Bernard TAPIE ou Claude ALLEGRE ont été des illustrations vivantes des dérives d’une action médiatique menée pour eux-mêmes.
Bien entendu, l’action publique suppose une médiatisation. Elle ne peut souffrir la discrétion. Celle-ci irait à l’encontre du débat politique lui-même. Toutefois, une certaine communication peut simplement stigmatiser et donc aller à l’encontre de la recherche d’unité républicaine.
En l’espèce, la sécurité est un droit républicain auquel chacun non seulement peut prétendre mais surtout doit bénéficier.
Le Zonage est bien trop réducteur et conduit au brouillard
Identifier des besoins et les priorités fait partie de l’action publique moderne.
Mais, dégager, stigmatiser des Zones de Sécurité Prioritaires (ZSP….) conduira au dévoiement. Ce sont 15 zones qui viennent d’être annoncées comme les premières d’une série dont le nombre et l’étendue ne sont pas annoncés. Les citoyens aspirent à la sécurité mais simultanément craignent d’être stigmatisés ou, à contrario oubliés. Cela est d’autant plus important que nombre de discours portent sur la sécurité et le sentiment d’insécurité. La réalité de la délinquance et la perception de celle ci ne sont pas toujours concordantes.
C’est bien le territoire national qui est en zone de sécurité prioritaire. Comme le disait COLLUCHE au sujet de l’égalité, Nous sommes tous égaux, simplement certains sont plus égaux que d’autres.
Il ne faut pas perdre de vue que la police est, à la base, structurée territorialement en commissariats. Les commissariats ont des périmètres dont la pertinence doit d’abord être évaluée. La réalité des relations entre les élus et les commissariats font que la ventilation des moyens se réalise souvent avec efficacité. Quand, au sein du territoire d’un commissariat, les réalités sont diverses, les autorités de police savent, en concertation avec les élus, adapter les moyens mais encore faut il que ceux-ci existent.
Ces territoires qu’ils correspondent à une ou plusieurs communes, sont criblés d’indicateurs de tension ou de délinquance plus ou moins connus des députes et élus locaux.
Que soit clairement débattue l’allocation des moyens et des méthodes pour que ces territoires disposent en équité des moyens voulus. Dans ce contexte, les moyens disponibles au niveau départemental et parfois à un échelon plus large doivent être répartis en fonction des périodes et difficultés exceptionnelles qui peuvent être rencontrées.
Il faut clairement définir des critères d’allocation des moyens pour le long terme et pour le court terme. Il faut que les responsables locaux disposent de ces moyens en toute transparence. C’est bien trop souvent le brouillard qui se manifeste aux yeux des élus.
Que l’affectation des moyens se fasse de manière optimale en fonction des indicateurs permanents et s’adapte en fonction des situations.
L’action publique doit être coordonnée et non guidée par l’action médiatique
Au demeurant les objectifs test annoncés pour ces ZSP sont bien trop réducteurs. Comment par exemple, définir en soit, une priorité entre la baisse des cambriolages et les vols à l’arraché ? C’est l’ensemble des paramètres qui souvent passent au rouge en même temps ou en corrélation.
Enfin et pour mémoire, le discours et l’action menée dans le cadre des Zones d’éducation prioritaires ont vite conduit a une stigmatisation puis se sont caractérisés par l’effacement des moyens prétendument prioritaires… .
Ainsi, et peut être surtout, le gouvernement est attendu sur une action globale et coordonnée avec l’ensemble des ministères concernés pour une action publique efficace (éducation, santé, travail, logement et mixité sociale !). Faisons de suite le bilan de la loi Solidarité et Renouvellement Urbain et adaptons l’action publique. Que signifie une action particulière de la police si celle-ci n’est pas coordonné avec la justice, la protection judiciaire de la Jeunesse (PJJ), la santé, ainsi que l’éducation avec notamment la question des personnels éducatifs au sein des collège et lycées en complément des enseignants !
Quand un secteur géographique est en difficulté, que l’Etat actionne bien l’ensemble des paramètres de l’action publique !
Les statistiques de l’INSEE existent ! Que la République s’en empare également pour une action globale et coordonnée en équité.
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