D onc jeudi soir, je suis au meeting du limousin, aux côté de Christian Audoin et de la liste commune "Limousin terre de gauche" du Front de Gauche et du NPA contrainte au deuxième tour autonome du fait du sectarisme des socialistes. Ca n’empêchera pas qu’à part la Picardie, autre citadelle de l’arrogance sociale démocrate, partout ailleurs c’est la loi du rassemblement contre la droite qui l’emporte. Tant mieux!
J e continue de penser que la gauche masochiste a tort de ne pas voir que nos efforts ont payé. Pas assez ? Sans aucun doute. Pas assez. Il faut bien réfléchir à ce point. Le moment venu, il faut répondre au pourquoi de la chose. J’ai mon idée. Mais pour l’heure je crois que si l’on est incapable de mesurer ses progrès on est condamné à ne rien entreprendre. Et à ne rien comprendre aussi au moment politique qui permet ce que nous avons entrepris. Déjà nous devons nous placer à notre niveau réel. C’est à dire à 7% des suffrages exprimés. Et non 5 ou 6, selon l’humeur des commentateurs plus ou moins malveillants sachant que de toute façon aucun, absolument aucun, ne nous est favorable. Car le Front de gauche n’était représenté que dans dix sept régions. Sur cet ensemble, nous atteignons exactement 6,95 %. Et nous faisons 185 000 voix de plus que la seule élection de référence pour le Front de Gauche, à savoir l’élection européenne.
S ans vouloir rien enlever à la valeur des votes réels, ceux qui ont été formulés par des bulletins déposés dans les urnes, j'insiste pour que l'abstention soit analysée comme une composante centrale du processus qui s'est exprimé dans le vote de ce dimanche 14 mars. Il ne faut pas le faire sur le mode compassionnel qui permet ensuite de tout récupérer à son usage. C'est ce qu'on fait les orateurs de droite et même en partie ceux du Parti Socialiste dimanche soir. La manœuvre consiste à dire que l'on doit comprendre le désarroi et le désenchantement de ceux qui s'abstiennent avant de faire de leur nombre le prétexte qui ôterait toute signification aux votes réels. J'ai parlé "d'insurrection civique" à propos de cette abstention. C'est une protestation de rejet du système. Elle n'est pas une case creuse politiquement. C'est un message en tant que tel. Elle charrie sans doute des motivations extrêmement contradictoires. J'en suis bien certain. Mais c'est précisément quand les mille préoccupations de tout un chacun ne trouvent plus leurs mots et leurs visages en politique que le système du consentement à l'ordre établi s'en va en lambeaux.
C omme on le sait, je me repère beaucoup sur ce qui s'est passé en Amérique latine pour essayer d'anticiper ce qui peut se passer ici en Europe. Mon intérêt s’est concentré sur la façon dont s’est achevée la vague libérale, là bas. Mon intention n'est pas de plaquer un modèle ou d'attendre je ne sais quelle duplication de situation. Mais je suis frappé par le parallélisme. La crise en cours, en Europe, traverse d’abord les sociétés latines, de culture catholique, de droit écrit romain. Je le note. C’est par là que ça commence. Elle commence alors qu’il ya a eu une série d’alternance politique entre la droite et la gauche sociale démocrate. C’est tout juste ce qui se passe en ce moment avec la caricature grecque où c’est le président de l’internationale socialiste qui est chargé du sale boulot. Dans ce contexte, l’abstention de masse à un message clair : « qu’ils s’en aillent tous ». D’une manière ou d’une autre je l’ai entendu cent fois autour de moi. Cela ne veut pas dire que je m’en réjouis ni compte m’en targuer. Je note seulement que c’est le message. Face à cela, les combinaisons et posture ne pèsent rien. Absolument rien. Ce qui importe est : «où est la relève» ?
« Les Médias et moi », pourrait devenir un feuilleton. Me voici donc annulé pour la cinquième fois aux "quatre vérités", la matinale de France 2. Mais je ne saurais cacher que c’est Arlette Chabot elle-même qui a appelé pour s’en excuser ! Et depuis, celui qui a reçu le coup de fil (mais où étais je à ce moment, mille diables !) ne se lave plus l’oreille. Le comique de situation est le suivant. Puisque nous faisons liste commune au deuxième tour avec les socialistes, mon passage aurait été compté sur le quota des socialistes, parait-il. Ils n’y avaient pas pensé avant… Mais comme on ne fait pas liste commune partout, ma parole aurait pu aller contre eux. D’où imbroglio selon le CSA. Je m’amuse de penser que tout ce qui me rapproche des socialistes me contraint au silence. Magie de l’existence qui m’offre de telles métaphores de ma situation politique.
J e clos cette rubrique en adressant des remerciements personnels appuyés à la personne qui a choisi la photo de moi à publier dans l’édition du journal « Le monde » qui analysait les résultats. Même Frèche n’est pas traité comme ça, une page avant. Mais Frèche paye, il est vrai, si j’en crois l’enquête du journal l’Express. Tant pis. Mais là, quel talent ! On me voit les yeux exorbités, les doigts en avant, en crochets, devant un micro. On comprend l'intention "nauséabonde", comme disent les belles personnes! J'ai le physique de l'emploi, c'est ça? Une politique de brute portée par une brute! En effet. je confirme. Dans le genre ce coup là est même mieux que ceux du «Nouvel Observateur» qui s’était fait avec moi un talent de ce genre de démolition sur la base de l’image du physique. Que n'ai je la mine de biche oubliée de Jacques Julliard! "Le Monde" qui me voit dans "un jeu personnel" dont j’aurais "trop souvent la tentation", « Le monde » a percé mon rêve : «Au sein du Front de gauche, M. Mélenchon, en ex-socialiste, se montre plus intransigeant que le PCF vis-à-vis du PS. Et il rêve d'être candidat en 2012, au point que certains communistes le soupçonnent déjà de vouloir faire une OPA sur leur parti. L'union aussi a des pieds d'argile». Mon rêve ! La présidentielle! Ce truc pour névrosé. A force de liaison intime avec l’état major socialiste, le journalissime se mélange dans le récit des sommeils. Mon cauchelmar préféré c'est la fin du "Monde".
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