31/08/2010
Un point sur l'emploi à VITRY selon les statistiques des ASSEDIC
Voici une note un peu longue...elle est pourtant nécessaire!
Après la publication, le 20 août,
des statistiques établies par les Assedics (pôle emploi),
il convient de relever
une évolution préoccupante du nombre d’emplois sur notre ville.
Une démarche volontaire doit être menée. L’urgence d’une action rapide et déterminée dans le cadre de l’OIN est plus que nécessaire.
Cette note intervient après celle que j’ai publiée, sur ce même thème, le 4 janvier 2009 mais également en complément de celle que j’ai eu l’occasion de mettre en ligne, le 2 juillet 2010, sur les enjeux de l’Opération d’Intérêt National (l’O.I.N) en cours sur notre ville.
Nous devons être attentifs, sur notre commune, au nombre d’emplois au regard de l’exigence d’un aménagement équilibré du territoire et pour la conduite de cette O.I.N.
De manière générale, l’objectif est de créer, à Vitry sur seine, les conditions d’un aménagement urbain favorisant l’implantation d’emplois, diversifiés, en nombre conséquent au regard des logements et des populations présentes.
L’enjeu est de refuser les villes ou quartiers « dortoirs » et de favoriser une ville où les déplacements quotidiens puissent être certes facilités si nécessaire mais aussi limités que possible.
Il ne s’agit pas de prétendre que tous les vitriots travaillent à VITRY…. Par contre il n’est pas satisfaisant qu’une proportion importante de vitriots doive aller dans l’Ouest parisien pour travailler. Ainsi, la proportion des actifs travaillant au sein de la commune s’est dégradée entre 1999 et 2007 en passant de 23,8% à 22,9%. Cette proportion était, sur l’ensemble de l’Ile de France, respectivement de 30,5% d’actifs travaillant dans leur commune de résidence en 1999 et de 29,2% en 2007 (source INSEE juin 2010).
Limiter les temps de transports cela passe par le refus que des zones soient dédiées aux emplois et d’autres au logement. Cela est bien un enjeu d’aménagement du territoire. C’est également une préoccupation environnementale.
Il s’agit de responsabilités de l’Etat, mais la commune par elle même est également impliquée par les règles d’urbanisme qu’elle fixe dans le cadre du PLU et par la conduite d’opérations d’aménagement. Enfin, l’Etablissement Public d’Aménagement du pôle Orly Rungis Seine Amont (EPAORSA) est, avec l’OIN, pleinement impliqué dans ces problématiques.
Par ailleurs, quelque soient les critiques légitimes sur la réforme des finances locales, il faut être attentif au fait que le nouveau dispositif sera probablement plus favorable aux communes qui accueillent des emplois plutôt que principalement des investissements.
I) l’évolution de l’emploi salarié, selon les statistiques des assedics, est toujours préoccupante pour notre ville, en comparaison de l’évolution que connaît le département ainsi que les autres communes proches géographiquement.
1) Les statistiques publiées par le site « Unistatis », sont une source d’information de qualité
« Chaque année, dans le courant du mois d'août, la Direction des Statistiques, Enquêtes et Prévisions de Pôle emploi fait paraître les résultats détaillés de la statistique de l'emploi salarié dans les établissements affiliés à l'Assurance chômage.
Ces résultats permettent d'apprécier l'évolution de l'emploi salarié dans les secteurs d'activité de l'économie nationale, les départements et les régions, et d'analyser les mouvements de main d'œuvre entre établissements de taille différente. » (extrait du site UNISTATIS mis à jour par le « pôle emploi » http://info.assedic.fr/unistatis/index.php?idarticle=1044... )
Bien entendu ces statistiques ne recensent pas l’ensemble des emplois (secteur public et para public notamment). Cependant, à source statistique constante, les évolutions et tendances de cette source d’information sont éclairantes.
En effet, cette statistique des « assedics » représente plus de 70% de l’emploi total localisé sur la Ville. Pour illustrer cela rappelons qu’en 2006, étaient recensés d’une part 18 878 emplois par les assedics. et d’autre part 25 653 emplois (privés relevant des assedics, professions indépendantes et secteurs publics) selon les « déclarations annuelles des salariés » (DADS). Ainsi la source statistique étudiée dans cette note (celle des « assedics » et de pôle emploi ») représente 73% de l’emploi total. Les évolutions d’un tel « échantillon » sont nécessairement significatives.
En juillet 2010, l’Insee annonce sur VITRY un nombre total d’emplois 26 978 pour l’année 2007 (dernier chiffre connu).
2) Il faut se situer dans le contexte national de « recul de 1,5% de l'emploi salarié (assedic) en 2009 par rapport à 2008.
Pour la France entière, « après une année 2008 en léger recul (– 0,5%), 2009 se caractérise par des pertes d’emploi en très forte accélération : les effectifs salariés chutent de 256 100 personnes entre fin décembre 2008 et fin décembre 2009, soit – 1,5%.
Ce résultat avoisine celui de l’année 1992 (– 1,6%, soit – 214 100 postes), année correspondant à la précédente récession enregistrée par l’économie française ».
3) Ceci étant rappelé, il est intéressant de regarder comment Vitry sur seine se situe au regard de l’Ile de France, du Val de Marne et du secteur de l’O.I.N Orly Rungis Seine amont
« L’opération d’intérêt national Orly-Rungis–Seine Amont (O.I.N. ORSA), créée par décrets du 10 mai 2007, est une grande opération d’urbanisme et de développement qui concerne les territoires de 12 communes du Val-de-Marne : Ablon-sur-Seine, Alfortville, Chevilly-Larue, Choisy-le-Roi, Ivry-sur-Seine, Orly, Rungis, Thiais, Valenton, Villeneuve-le-Roi, Villeneuve-Saint-Georges, Vitry-sur-Seine. »
« L’O.I.N. a pour ambitions de valoriser pleinement les atouts de ce territoire et d’en faire l’un des grands pôles de l’attractivité de l’Île-de-France. Elle a pour objectifs le développement économique et la création d’emplois, la construction de logements et la qualité urbaine . »
Les objectifs chiffrés annoncés en 1988 sur le site de l’E.P.O.R.S.A. http://www.epa-orsa.fr/ étaient de :
- 3 000 créations de logements / an
- 1 000 créations d’emplois / an
4) Sur la période 1993-2009 Vitry (-4%) est la 3ème des communes, après ORLY (-18%) et Chevilly Larue (-10%) ayant le plus perdu d’emplois au sein du territoire de l’OIN.
Les comparaisons sont faites sur la période comprise entre 1993 et 2009. En effet l’année 1993 est l’année la plus ancienne disponible sur ce site. Accessoirement c’est l’année qui suivait les grands débats sur le Schéma directeur de la Région d’Ile de France de 1992…. Ces débats pointaient alors du doigt le déséquilibre entre la localisation des emplois dans l’Ouest parisien et celle les logements dans l’Est de la région…
Ainsi, sur la période 1993- 2009 Vitry a perdu -4% de ses emplois relevant des Assedics alors même qu’IVRY a progressé, sur cette période, de +73%. La progression est de +22% pour le territoire de l’O.I.N dont +66% pour RUNGIS ville.
Le département du Val de Marne a, quant à lui, progressé de +18% et la France entière de +22% sur la même période.
Ainsi Vitry est dans une tendance de baisse ou de stagnation du nombre d’emploi, alors même que des communes comme Ivry ou RUNGIS sont par contre dans un processus de croissance du nombre d’emplois salariés !
5) Sur la période 2006 2009 : Vitry est restée dans le groupe le moins dynamique.
Au cours des dernières années, 2009-2006, Vitry est restée stable en terme d’emplois relevant de Assedics : +0,7%. Cependant cette stabilité était une faiblesse par rapport aux évolutions positives de la plupart des villes objets de cette étude.
Le val de Marne a lui progressé de 3,4% et la France entière est restée stable (0,0%). IVRY sur seine a progressé de 14,9%, RUNGIS (ville) a augmenté son nombre d’emplois de +20%. Le territoire de l’O.I.N a quant a lui vu augmenter ses emplois de 8%.
6) En 2009, par rapport à 2008, les évolutions s’inscrivent dans les tendances précédentes.
Vitry a de nouveau perdu des emplois (-3,4%) dans une proportion plus forte que les autres territoires évoqués ci-dessus. Le Val de Marne a baissé de -0,7% alors que la France a subi une perte de -1,5%. Seul Orly a perdu plus en pourcentage que VITRY ( -14,9%). Pour mémoire l’évolution d’Ablon sur seine n’est pas significative (-8,1%), car elle concerne une ville qui a très peu d’emplois (moins de 300).
Certes, IVRY sur seine a également baissé (-1,5%) mais cela intervient après des années de croissance soutenue du nombre d’emplois (+73% depuis 1993). Quant à RUNGIS ville, l’année 2009 révèle encore une croissance de +2,8% sur un an !
II) La place de VITRY au sein de l’OIN est stratégique. Le déséquilibre emplois logements doit y être comblé.
1) Un déficit d’emploi au regard de la population active (56 191 actifs)
Selon les statistiques de l’Insee, Vitry dispose de 66 emplois pour 100 actifs (demandeurs d’emploi inclus). Ce ratio est particulièrement bas sur VITRY. Il est de 76 pour 100 au sein de l’ensemble du Val de Marne.
2) une évolution clairement défavorable au regard des tendances constatées sur un proche territoire.
Le mouvement enregistré sur Vitry et décrit précédemment doit bien entendu être relativisé. Cependant il montre que Vitry reste moins bien placé que le Val de Marne dans son ensemble. Le département est sur une tendance intéressante au regard de la France entière. La dégradation de la situation de VITRY vis à vis des autres communes de l’O.I.N est par contre un fait notable.
Certes l’O.I.N n’a que 2 ans d’âge (création en mai 2007). Mais l’effet de cette opération sur notre ville demande à être perceptible.
3) Il faut que l’Opération d’intérêt National comble ce déséquilibre. Ce n’est pas gagné.
Dans le mensuel municipal de décembre 2008, en tribune libre je soulignais qu' « avec l' Opération d'Intérêt National, Vitry doit exiger, pour chaque logement construit, l'implantation minimum de 2 emplois. Il faut combler le déficit d'emplois sur notre ville, préjudiciable, pour la qualité de vie, la limitation des déplacements, l'égalité en terme de recettes fiscales en Ile de France
L'Etablissement public « Orly Rungis Seine Amont » doit œuvrer clairement en ce sens faute de mystifier notre ville et ses habitants…..! »
Le 26 juin 2009, je publiais une note
http://bertrandpotier.hautetfort.com/archive/2009/06/inde...
reprenant mon intervention au conseil municipal du 24 juin, au cours duquel était examiné le « projet stratégique directeur » de l’O.I.N. Je donnais rendez vous dans les années futures en espérant être contredit dans mes craintes.
4) L’OIN doit faire ses preuves pour un équilibre entre localisation des emplois et des logements.
J’indiquais, toujours en juin 2009, que pour l'essentiel, le diagnostic développé dans le Projet Stratégique Directeur par lui-même occulte des disparités, et les besoins différenciés en terme d'équilibre emploi habitat, sur le territoire concerné par l'OIN.
La page 36 de ce document disait nettement ce que nous pouvons craindre.
Très clairement ce sont les villes de VITRY, d'IVRY et de Choisy qui sont pressenties, pour l’essentiel, en vue de l’implantation des logements qu'il convient nécessairement de construire.
Par contre pour les implantations d'emplois, aucun chiffre, aucun engagement. S'agissant de Vitry, seules quelques pistes annoncées à coté de SANOFI.
Par contre sont largement chiffrés les évolutions récentes et à venir sur des communes de l’OIN, déjà les plus denses en termes d'emplois.
Le diagnostic était timoré sur la réalité des déséquilibres géographiques en matière d'emploi. Simultanément les perspectives n’étaient pas clairement annoncées pour dynamiser le territoire de l'OIN en évitant la spécialisation excessive qui prévaut, (au sein de l’OIN) entre zones d'habitat et zones d'emploi.
Certains m'ont alors m'objecté que ce n'est pas avec des craintes que l'avenir se construisait.
Je répondais qu'il est de notre responsabilité d'élus de dire haut et fort nos préoccupations et de demander des garanties. Je donnais alors rendez vous dans 3, 6, 9 ans !
S'agissant de la vigilance à exercer afin que le territoire de VITRY ne soit pas globalement dédié aux logements, et les emplois toujours déficitaires au regard du nombre d'actifs, je n’avais pas été compris.
Il a même été dit que j'entendrais limiter les logements et donc sous estimer l'ardente obligation de répondre à une demande pressante de logement !
J'ai toujours indiqué que je me plaçais bien dans une logique de constructions de logements. Par contre ce n'est pas à VITRY de répondre seul à cet effort.
D'autres pouvaient préciser que ce sont les plans d'actions opérationnels qui répondront à cela. Et bien, pour que ces plans opérationnels répondent bien à l'avenir, il fallait poser cette question de l’équilibre géographique des emplois et préciser les ornières..... à éviter absolument.
Il ne faut pas que notre ville reste déficitaire en nombre d'emploi et que ceux-ci soient concentrés dans certaines villes notamment de l'Ouest Parisien ou simplement dans le sud du territoire de l'OIN !
Il est de ma responsabilité de conseiller municipal de le dire et de mettre en garde. Si cette exigence est en définitive prise en compte, tant mieux pour notre ville et ses habitants.
5) Les réflexions de l’O.I.N. quant à l’aménagement du secteur dit « des ardoines » doivent s’accélérer et faire l’objet d’une réflexion en conseil municipal comme je le demande trop régulièrement.
Je me suis largement expliqué à ce sujet dans une note récente (note du 2 juillet 2007).
http://bertrandpotier.hautetfort.com/archive/2010/06/29/l...
J’avais alors exprimé une série de préoccupations. Celle-ci n’ont pas pour objectif de ralentir la démarche mais par contre de contribuer à la réflexion, pour peu qu’elle soit collective….
Le fait que l’OIN ait annoncé comme secteur prioritaire d’intervention(avec des avancées dès la fin 2010) les espaces situés à proximité de la gare (nord) de VITRY et aux franges de la gare des « ardoines » est positif.
En conclusion, pour cette fin août 2010,
il est essentiel que l’O.I.N. ne « patine » pas et qu’elle soit réellement un vecteur pour l’emploi sur notre territoire …… ainsi que pour le développement de l’enseignement supérieur sur le domaine départemental de CHERIOUX notamment !
Par ailleurs, en comparaison d’IVRY, notre ville ne doit pas se dispenser d’une autocritique sur une certaine lenteur à mener des opérations de densification des zones d’activité. Vitry qui n’hésite pas à densifier les zones d’habitat, doit développer une stratégie offensive pour accueillir des emplois.
Au demeurant, c’est une telle dynamique qui contribuerait à une ville équilibrée en emplois par rapport à la population active.
Bien entendu, il faut que Vitry bénéficie de plus de transports en commun (ORBIVAL, fréquences du RER C, tramway sur la RD5 (ex RN305) liaison de desserte améliorées avec le tramway RD7 (ex RN7). L’Etat et la Région doivent jouer leur rôle. Mais la préoccupation décrite ne peut se laisser enfermer dans cette seule question. Le Sud du territoire de l’OIN n’est pas à ce jour doté de transports en commun plus aisés que Vitry. Et pourtant les communes qui le composent, regroupent à elles seules la majeure partie des emplois de l’O.I.N.
Cette question d’aménagement du territoire n’est pas de la seule responsabilité de notre ville. Cependant notre commune doit bénéficier d’un « second souffle » et l’O.I.N. doit s’accélérer et produire des résultats si nous ne voulons pas manquer le rendez vous de l’avenir.
Il faut à cet égard que l’Etat fasse pression sur EDF ainsi que SNCF/RFF, mais également prenne toute disposition pour que les dépôts pétroliers ne continuent pas d’hypothéquer le développement d’une partie importante du secteur des ardoines.
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