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06/10/2012

VENEZUELA

Ci dessous le texte d'un article publié dans le monde.fr par

Jean-Luc Mélenchon, co-président du Parti de gauche, député européen ;

Ignacio Ramonet,président de l'association Mémoire des luttes, président d'honneur d'Attac.

Par ailleurs

dimanche 7 octobre : à l'occasion des élections présidentielles au Vénézuela, le Front de Gauche Latino, le PSUV et l'association "Les amis de l'Usine" organisent une soirée électorale à partir de 18h à l'Usine (8 rue Chassagnolle aux Lilas). Elle sera composée de prises de parole et d'une projection de film.


Le Monde.fr

vendredi 5 octobre 2012

Hugo Chavez, un homme diffamé

Par Jean-Luc Mélenchon et Ignacio Ramonet

Hugo Chavez est sans doute le chef d'Etat le plus diffamé du monde. À l'approche de

l'élection présidentielle au Venezuela, le 7 octobre, ces diffamations redoublent d'ignominie.

Tant à Caracas qu'en France. Elles témoignent du désespoir des adversaires de la révolution

bolivarienne devant la perspective (que les sondages semblent confirmer) d'une nouvelle

victoire électorale de Chavez. Un dirigeant politique doit être jugé sur ses actes, et non sur les

rumeurs colportées contre lui. Les candidats font des promesses pour se faire élire ; rares sont

ceux qui, une fois élus, les tiennent. Dès le début, la promesse électorale de Chavez a été

claire : travailler au profit de ceux, majoritaires dans son pays, qui vivaient dans la pauvreté.

Et il a tenu parole.

C'est le moment de rappeler ce qui est vraiment en jeu dans cette élection au moment où le

peuple vénézuélien va voter. Le Venezuela est un pays très riche en raison des fabuleux

trésors de son sous-sol, en particulier les hydrocarbures. Mais presque toutes ces richesses

étaient accaparées par les élites dirigeantes et des entreprises multinationales. Jusqu'en 1999,

le peuple n'en recevait que des miettes. Les gouvernements successifs, démocrates-chrétiens

ou sociaux-démocrates, corrompus et soumis aux marchés, privatisaient à tout va. Plus de la

moitié des Vénézuéliens vivait sous le seuil de pauvreté (70,8% en 1996). Chavez a placé la

volonté politique au poste de commande. Il a mis les marchés au pas et stoppé l'offensive

néolibérale puis, grâce à l'implication populaire, il a permis à l'Etat de se réapproprier les

secteurs stratégiques de l'économie. Il a recouvré la souveraineté nationale. Et a ensuite

procédé à une redistribution de la richesse au profit des services publics et des laissés pour

compte.

UN ÎLOT DE RESISTANCE DE GAUCHE AU NEOLIBERALISME

Politiques sociales, investissements publics, nationalisations, réforme agraire, plein emploi,

salaire minimum, impératifs écologiques, accès au logement, droit à la santé, à l'éducation, à

la retraite... Chavez s'est également attaché à la construction d'un Etat moderne. Il a mis sur

pied une ambitieuse politique d'aménagement du territoire: routes, chemins de fer, ports,

barrages, gazoducs, oléoducs. En matière de politique étrangère, il a misé sur l'intégration

latino-américaine et privilégié les axes Sud-Sud, tout en imposant aux Etats-Unis des relations

fondées sur le respect mutuel... L'élan du Venezuela a entrainé une véritable vague de

révolutions progressistes en Amérique latine, faisant désormais de ce continent un exemplaire

îlot de résistance de gauche contre les ravages du néolibéralisme. Un tel ouragan de

changements a complètement chamboulé les structures traditionnelles de pouvoir au

Venezuela et entrainé la refondation d'une société jusqu'alors hiérarchique, verticale, élitaire.

Cela ne pouvait lui valoir que la haine des classes dominantes, convaincues d'être les

propriétaires légitimes du pays. Avec leurs amis protecteurs de Washington, ce sont elles qui

financent les grandes campagnes de diffamation contre Chavez. Elles sont allé jusqu'à

organiser - en alliance avec les grands médias qu'elles possèdent - un coup d'Etat le 11 avril

2002. Ces campagnes se poursuivent aujourd'hui et certains secteurs politiques et médiatiques

européens les reprennent en choeur. La répétition étant - hélas - considérée comme une

démonstration, des esprits simples en viennent à croire que Hugo Chavez incarnerait "un

régime dictatorial où il n'y a pas de liberté d'expression".

Mais les faits sont têtus. A-t-on déjà vu un " régime dictatorial " élargir le périmètre de la

démocratie au lieu de le restreindre ? Et donner le droit de vote à des millions de personnes

dépourvues jusque là de carte d'électeur? Les élections au Venezuela n'avaient lieu que tous

les quatre ans, Chavez en organise plus d'une par an (14 en 13 ans). Dans des conditions de

légalité démocratique reconnues par l'ONU, l'Union européenne, l'Organisation des Etats

américains, le Centre Carter, etc. Chavez démontre qu'on peut construire le socialisme dans la

liberté et la démocratie. Il en fait même une condition du processus de transformation sociale.

Il a prouvé son respect du verdict populaire en renonçant à une réforme constitutionnelle

refusée par les électeurs lors d'un référendum en 2007. Ce n'est pas un hasard si la Foundation

for Democratic Advancement (FDA), du Canada, dans une étude publiée en 2011, situe

désormais le Venezuela en tête du classement des pays qui respectent la justice électorale . Le

gouvernement d'Hugo Chavez consacre 43,2% du budget aux politiques sociales. Résultat: le

taux de mortalité infantile a été divisé par deux. L'analphabétisme éradiqué. Le nombre de

professeurs des écoles multiplié par cinq (de 65 000 à 350 000). Le pays détient le coefficient

de Gini (qui mesure les inégalités) le plus performant d'Amérique latine. Dans son rapport de

janvier 2012, la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC,

un organisme de l'ONU) établit que le Venezuela est le pays sud-américain - avec l'Equateur

-, qui, entre 1996 et 2010, a le plus réduit le taux de pauvreté. Enfin l'institut américain de

sondages Gallup classe le pays d'Hugo Chavez, 6e nation "la plus heureuse du monde".

Le plus scandaleux, dans l'actuelle campagne de diffamation, c'est de prétendre que la liberté

d'expression serait bridée au Venezuela. La vérité c'est que le secteur privé, hostile à Chavez,

y contrôle largement les médias. Chacun peut le vérifier. Sur 111 chaînes de télévision, 61

sont privées, 37 communautaires et 13 publiques. Avec cette particularité que la part

d'audience des chaînes publiques n'est que de 5,4%, celle des privées dépassant les 61% ...

Même chose pour la radio. Et 80% de la presse écrite sont contrôlés par l'opposition ; les deux

quotidiens les plus influents - El Universal, El Nacional - étant hostiles au gouvernement.

Tout est, certes, loin d'être parfait dans le Venezuela bolivarien. Où existe-t-il un régime

parfait ? Mais rien ne justifie ces campagnes de mensonges et de haine. Le nouveau

Venezuela est la pointe avancée de la vague démocratique qui a balayé les régimes

oligarchique de neuf pays dès le lendemain de la chute du mur de Berlin quand d'aucuns

annonçait "la fin de l'histoire" et "le choc des civilisations" comme seuls horizons pour

l'humanité. Le Venezuela bolivarien est une source d'inspiration où nous puisons sans

aveuglement ni naïveté. Mais avec la fierté d'être du bon côté de la barricade et de réserver

nos coups à l'empire malfaisant des Etats Unis et de ses vitrines si chèrement protégées au

Proche-Orient et partout où règnent l'argent et les privilèges. Pourquoi ses adversaires en

veulent-ils tant à Chavez ? Sans doute parce que, tel Bolivar, il a su arracher son peuple à la

résignation. Et lui donner l'appétit de l'impossible.

Jean-Luc

Mélenchon, co-président du Parti de gauche, député européen ; Ignacio Ramonet,

président de l'association Mémoire des luttes, président d'honneur d'Attac.

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