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27/08/2014

libre expression: "Pour en finir avec les présidentielles"

Voici une contribution de Jean HUBERT.
Elle a été écrite avant ce week end de tumulte et avant la "démission reconstitution" du gouvernement


"Pour en finir avec les élections présidentielles !


Nos institutions sont-elles plus démocratiques que celles de nos voisins ?


Oui ? Non ? Pareil ?


Avant de répondre, permettez-moi une remarque.


La France est un des rares pays, par rapport à ceux qui nous sont comparables, à élire son président au suffrage universel direct.


Alors cette distinction fait-elle de notre pays une plus grande démocratie ?

 


Ne répondez pas trop vite ; les pays qui élisent leur Président comme nous, sont pour la plupart issus des ex-pays de l’Europe de l’Est et aussi exemple récent la Turquie. Pays qui vous en conviendrez ne sont pas des parangons de la démocratie !

 


Ce n’est donc pas le type d’élection présidentielle qui donne à un pays le label « démocratie ».

 


Pourtant les français sont très attachés à leur élection du Président. En voilà un paradoxe ; ils y sont attachés mais de plus en plus nombreux à bouder cette élection. En effet au 2ème tour nous constatons une chute linéaire du nombre de suffrages recueillis par les postulants, 73.6%  des suffrages exprimés (64.3% des inscrits) en 1965 pour De Gaule, 52.4% des suffrages exprimés (43.2% des inscrits) en 1981 pour Mitterrand, 44.1% des suffrages exprimés (33.6% des inscrits) en 1995 pour Chirac, 82.21% des suffrages exprimés (62% des inscrits) en 2002 pour Chirac, 53.06% des suffrages exprimés (42.68% des inscrits) en 2007 pour Sarkozy,51.64 % des suffrages exprimés (39.08% des inscrits) en 2012 pour Hollande.



L’électeur français est-il, irresponsable, égocentrique au point de se désintéresser de la gestion du bien commun, complètement désabusé sur le pouvoir d’action de nos politiques ?

 


Sans doute les attentes des français en période électorale sont toujours trop fortes à l’égard de la fonction présidentielle, et la contradiction entre ces attentes et l’exercice du mandat  va en s’agrandissant, c’est pourquoi les côtes de popularité des présidents ne cessent de s’effondrer.



Tel est l’état des lieux ! Alors dans l’inconscient collectif, la fonction présidentielle ne résulte-t-elle pas essentiellement à servir d’exutoire, à nos colères, nos frustrations ? Dans ce cas nous sommes loin d’une démarche démocratique !

 


Voici deux réflexions sur la question, la première de Pierre Mendes France et la seconde d’Arnaud Montebourg :

 


« Choisir un homme sur la seule base de son talent, de ses mérites, (de son habilité électorale), c’est une abdication de la part du peuple, une renonciation à commander et contrôler par lui-même, c’est une régression par rapport à une évolution que toute l’histoire nous a appris à considérer comme un progrès….. Les citoyens qui élisent une assemblée votent pour des partis dont les doctrines sont connues…, ils se prononcent sur des programmes, sur des propositions. »

 


«  L’élection du Président au suffrage universel est, cause de la grande désolation que connaît aujourd’hui notre pays, qui conduit à s’intéresser aux hommes à leur égo plutôt qu’aux choix d’orientations politiques, qui organise la ressemblance et le recentrage des programmes, qui autorise les abus de pouvoir et l’irresponsabilité politique, judiciaire, qui pour se financer à conduit à cette corruption désastreuse qui détruit à petit feu la croyance en la République. »

 


Ces réflexions nous montrent que la démocratie a surtout besoin d’un Parlement qui assume véritablement ses fonctions, car lui seul est vraiment représentatif du peuple.

 


Le cadre actuel de nos institutions nous conduit à une diarchie avec d’un côté un Président élu par le peuple et d’un autre un Parlement également élu par le peuple, ce qui constitue un vice majeur dans nos institutions. Pour gouverner il ne peut y avoir qu’un seul chef, et, en pratique c’est le cas puisque, en dehors des périodes de cohabitation, le Président gouverne et le Parlement n’est plus qu’une chambre d’enregistrement !

 


Alors notre Constitution ne serait finalement pas si mal faite?



Pour assurer une stabilité politique probablement, mais pour développer la démocratie avec la participation du peuple, certainement pas.


Voilà probablement l’une des causes profondes de la désaffection de nos concitoyens pour la politique et de la mise à mal de la démocratie.



Le texte suivant de J. RANCIERE (la haine de la démocratie) résume assez bien notre situation :


« A bon droit ce que nous appelons démocratie est un fonctionnement étatique et gouvernemental exactement inverse ; élus éternels, cumulant ou alternant des fonctions locales, législatives ou ministérielles et tenant à la population par le lien essentiel de la représentation des intérêts locaux ; gouvernements qui font eux-mêmes les lois ; représentants du peuple massivement issus d’une école d’administration ; ministres ou collaborateurs de ministres recasés dans des entreprises publiques ou semi-publiques ; partis financés par la fraude sur les marchés publics ;hommes d’affaire investissant des sommes colossales dans la recherche d’un  mandat   électoral ; patron d’empires médiatiques privés s’emparant de médias publics. »

 


Le temps est venu de repenser nos institutions pour mettre un terme aux quatre dangers de l’élection présidentielle au suffrage universel direct :


  • centralisation abusive des enjeux politiques

  • schématisation exagérée des choix

  • personnalisation  à outrance de la politique

  • Les médias deviennent le principal organe de sélection et de légitimation des candidats

     

    Pour conclure en chanson sur l’air de la Marseillaise :

    Aux plumes citoyens

    Révisons not’ Constitution

    Actons, actons

    Pour qu’la démocratie

    Remplace l’oligarchie."

     

    J. HUBERT

     Le 20/08/2014

     

     

 

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